INNOVATION ou RENOVATION ?

INNOVATION OU RENOVATION Pour les lecteurs occasionnels du blog n’ayant pas participé au séminaire, il ne doit pas être aisé d’en distinguer l’originalité. Faire référence aux séminaires de Dinard, c’est en caractériser les pratiques en rupture totale avec les plus courantes et indissociables du cadre de référence qui les fonde. L’originalité qui y est vécue ne tient pas de la rénovation. Rénover, c’est redonner l’aspect du neuf à une chose ancienne, en changer les apparences sans modifier l’essentiel de sa réalité. Ce que nous tentons de mettre en place, c’est une innovation, une cohérence nouvelle. Innover, c’est introduire dans une chose établie, quelque chose de nouveau, d’inédit, d’encore inconnu. Toute pratique se fonde sur une cohérence qui par nature tend à s’opposer au changement. La pratique pédagogique traditionnelle a la sienne, héritée de longue date. Proposer une autre cohérence suppose d’en faire vérifier et admettre l’intérêt. Les séances pratiques en constituent le « banc d’essai » pour valider notre option. Elles concernent prioritairement des enfants en grand nombre qui vont découvrir l’eau et parmi eux quelques uns déjà engagés dans la voie que nous cherchons à éviter. (Ils ont commencé à « apprendre à nager ») Notre objectif est de faire de ces jeunes terriens de bons et toujours meilleurs nageurs. La manière originale d’atteindre cet objectif caractérise notre démarche. Les séances pratiques concernent également les personnes en formation qui toutes concrètement ont vécu les formes de pratiques que nous voulons combattre. Elles sont donc amenées à vivre des situations différentes de celles des enfants, destinées à réorganiser fondamentalement leur manière de faire. Il y a pour eux certaines choses à « déconstruire ». Il faut selon l’expression de J. Paillard « disloquer des blocs fonctionnels » avant de nous engager dans une « patiente recherche de solutions efficaces ». Parallèlement nos stagiaires sont incités à adopter une autre attitude dans l’animation fondée sur l’appropriation de connaissances nouvelles sur la psychologie et le développement de l’enfant. Ils doivent renoncer à « l’apprentissage de gestes sportifs » et éviter de plaquer sur l’enfant les solutions du sport adulte. Il leur faut également se référer à un contenu structuré en partant de l’analyse du fonctionnement des nageurs de haut niveau et abandonner tout « découpage » de la nage dissociant : travail des bras, travail des jambes, respiration et tentatives de coordination des éléments acquis isolément. (Une genèse sans structure) pour reprendre la qualification piagétienne de ce type de procédure). Il ne saurait être question non plus d’abandonner l’enfant à lui-même ou « laisser l’eau faire ». Nos amis italiens ont qualifié notre démarche de « pédagogie de l’action » pour la distinguer de la pédagogie du mouvement. Il est vrai que la notion piagétienne d’ACTION tient une place centrale dans notre démarche qui repose sur l’attitude expérimentale en pédagogie. Notre prochain séminaire sera une occasion d’expliciter encore mieux les fondements et la cohérence de notre démarche et de notre stratégie.